CCC (30-31août / 101km)


 

Bonjour,

 

Une petite semaine depuis cette CCC 2024 [alors ca, c’est quand j’ai commencé à écrire le CR...]. Le moment de prendre un peu de recul et surtout le temps de vous raconter cette aventure depuis l’intérieur.

 

L’histoire a commencé fin 2023. Sur un coup de tête, je décide de m’inscrire au tirage au sort avec mes 3 stones Restonica 2023. La CCC était alors une course de prépa en vue de la Diag, mais au fur et à mesure finira par devenir l’objectif principal de l’année. Et contre tout attente, ben je suis tiré au sort fin janvier 😊 L’année trail semble bien commencer, la suite va être plus compliquée.

 

J’essaie de reprendre un peu les mêmes recettes de prépa qu’en 2023 qui ont semblé marcher avec l’UTMB avec un trail long par mois. Mais j’ai envie de variation. Alors cette année, je pars sur Ventoux en mars, Sainte Victoire début avril, Sisteron fin avril, Maxi Race début juin. Et toujours en vue de la Diag, je viens rajouter l’UTC début juillet. LA grosse erreur de l’année. Ça ne peut pas être une course de prépa à quoi que ce soit. Mais j’y reviendrai …

 

Mais j’ai du mal à lancer l’année. Contrairement à l’après Nice 2022, j’ai moins coupé après l’UTMB, gardé du rythme, bien profité de petites courses locales, la forme est là mais ça va devenir plus compliqué à partir de janvier… Finalement, le Ventoux arrive, avec très peu d’entrainement. La météo est annoncée cata. Et avec un mental à -1000, ça sera un DNS… ça part bien...

 

Pour la Sainte Victoire, j’arrive un peu mieux préparé que l’année dernière, et au final je mets 1h de moins. C’est loin d’être exceptionnel mais c’est bon pour le moral. Viens ensuite Sisteron. L’approche de la course est compliquée, on monte 4 jours à Paris avec les enfants juste avant super WE !!) et du coup, j’arrive à l’arrache le soir, il fait un temps pourri… Mental -500, ça finira en DNF (arrêt au 25ème).

 

Début juin, ça sera la Maxi Race. La météo sur ma course est pas mal mais il a plu toute la semaine avant. La course me fait très peur en termes de barrières horaires. Finalement, ça se passe super bien, rythme bien supérieur à ce que je pensais, bien couru jusqu’à ce qu’on soit arrêté au 44ème km, tout en étant acheminé à 3 kms pour être finisher, très sympa ! Ca rebooste bien !!

 

Dernière étape, l’UTC ! Course que j’attendais vraiment avec le pote Jean-Luc. Le début de course se passe bien, mais dès le 20ème kms (un peu avant le levé du soleil), je commence à ressentir la fatigue. Pas très longtemps après, 1 TFL apparait sur le genou droit. 1 long chemin de croix s’en suit… je finirai par abandonner au 63ème (avec quand même 4500 m D+), car je ne veux pas gâcher les vacances à venir et la CCC qui reste… je ne le savais pas à ce moment-là, mais j’ai surement raté la plus grande aventure humaine qui peut exister, ça sera un regret éternel … je ne peux qu’écouter les amis la raconter dorénavant … Ce qui est fait est fait !

 

Je sais que l’intro est longue mais tout ça pour dire que j’arrive à la CCC avec un DNS et 2 DNF au compteur (ça ne m’était jamais arrivé), forcément beaucoup de doutes après l’UTC, et de craintes que le genou refasse des siennes. Et avec comme certitudes, la Maxi Race et aussi un bon bloc d’entrainement depuis juin (et mine de rien une belle sortie en Corse qui a permis de bien engranger).

 

Je me sens donc à la fois vraiment prêt mais avec encore plus de doutes que d’habitude !!

 

Cette fois, je ne reproduis pas les mêmes erreurs que pour la Corse. Le mois d’août a été sage, j’arrive bien reposé, je laisse Arnaud nous conduire jusqu’à Courmayeur (et en profite pour faire quelques siestes). Nous voilà donc jeudi soir à Courmayeur, avec notre van à proximité du Sport Center pour la nuit.

 

1ère étape, récupération du dossard. Et là, 1ère désillusion, on ne se sent pas du tout faire partie de l’UMTB contrairement à Chamonix qui vibre pendant 1 semaine : le gymnase est vide, sans ambiance. A peine 2 drapeaux à l’entrée pour indiquer qu’on se trouve sur l’UTMB… Etonnant ! Là où ça devient cocasse, c’est qu’au moment de récupérer le dossard, dans la même enveloppe, il y a les tickets pour l’assistance (qui les autorise à rentrer dans les ravitos). Et on découvre qu’Arnaud et Lisa vont assister Tatiana ! Notre gentille bénévole va voir le chef de poste, ça va prendre un peu temps, discuter … et on se retrouve avec des tickets « retouchés » à la main. Et ce n’est pas fini !! au moment de récupérer le t-shirt de la course, bah pas de t-shirt !!! nan mais sérieux l’UTMB ??? on doit remplir 12 questionnaires en amont, on vous donne taille des habits + lieu de récupération des dossards, et vous n’êtes pas capables de prévoir ??? cette blague … il va donc falloir le récupérer à l’arrivée (et c’est que le début de l’histoire, mais la suite … a la fin … quel suspens ... 😊). Pas de stand pour acheter les goodies by UTMB. Alors qu’on attend que ça de dépenser notre argent !! 😉 je voulais me racheter le même maillot que l’année dernière CCC, mais ca sera pas possible. Bon je me dis qu’on fera ça à Chamonix le samedi à l’arrivée (la suite, à la fin également ….).

 

Bon, le dossard, c’est fait !! On retourne au van, je finis de préparer mon sac. Ah oui ça, c’est sympa aussi … l’UTMB a activé le kit canicule, logique vu la météo annoncée, mais en même temps, on garde le kit de base complet, on part donc avec : pantalon, surpantalon pluie, veste, 2ème couche, gants, bonnets … logique … comment dire …. Le sac est bien plein !! une vraie petite tortue ninja au départ 😉 côté bouffe et boissons, j’ai vraiment essayé d’optimiser. La grande interrogation aura été longtemps : est ce que je pars avec 1l ou 1,5l de boissons isotoniques dans le camelback (+ 2 flasques de 0,5 remplies d’eau). Finalement, vu la chaleur, j’ai opté pour 1,5l sachant que la 1ère assistance est à Champeix au bout de 55 kms. C’était le bon choix pour le début de la course, j’y reviendrai.

 

J’explique à Arnaud le rôle de mes 5 sacs d’assistance 😉. Un dernier briefing sur les temps de passage, le plan est calé sur 23h. Je suis un peu dans l’inconnu, mes temps de passage au 100 kms sur mes 3 ultras sont entre 23 et 25h, Arnaud avait mis 18h30 (donc je vais forcément faire beaucoup plus 😉), 23h me parait être un temps raisonnable, atteignable, tout en espérant faire un peu mieux (on a regardé la fameuse Tatiana, vu qu’on avait que 1 chiffre d’écart sur les dossards, ça veut dire qu’on a le même UTMB index : elle avait fait le même temps que moi à l’UTMB et 21h30 sur la CCC, ça me parait inatteignable mais en même temps me donne de l’espoir). J’avais raison mais tort à la fois 😉

 

Bon là, je m’égare, dernier repas de pâtes, et on va ensuite faire une petite balade digestive dans la ville histoire de repérer la ligne de départ ! et pour la 1ère fois, on commence à sentir l’ambiance de la course, avec l’arche déjà en place, des coureurs qui font comme nous, ça commence à venir !! On voit même passer un binôme de la PTL, sacrés champions ceux-là !!

 

La nuit va être très bonne. J’ai anticipé le réveil à 6h30, car je veux être sûr d’avoir bien digéré (et surtout aller aux toilettes avant d’aller au départ). Petit moment de panique car dans le noir du van, je n’arrive pas à allumer le gaz (pour chauffer l’eau de mon thé), mais ça finit par le faire. Le plan est respecté à la lettre. Il est maintenant l’heure de se rendre au départ, grand ciel bleu, c’est parfait. Sauf la Go Pro que je découvre batterie à plat (alors que je l’avais chargé dans la semaine…). Ça commence bien ! mais on va faire avec, c’est pas grave !!

 

Arrivé au centre-ville, on a le temps de se boire un petit café italien au bar. Puis après, c’est un beau bordel, impossible d’accéder au SAS. Parce que ça aussi, ça a été la surprise de la semaine, j’ai découvert que je suis dans le SAS 1 (on est classé par UTMB index), alors dans les 50 derniers du 1er SAS de 1000 coureurs, mais 1er SAS quand même, je ne sais pas trop quoi en penser … C’est là que je quitte mon équipe d’assistance, je ne les reverrai que dans quelques heures à La Fouly, après plus de 40 kms de course.

 

On s’entasse comme des sardines sur le trottoir. Tout le protocole se fait comme ça (autant dire qu’on n’en profite pas du tout), on pourra enfin entrer dans le SAS quand les élites sont parties. Certains coureurs finiront par enjamber les barrières au départ car toujours sur le trottoir… on s’attendrait à une meilleure organisation côté UTMB….

 

Les fauves sont enfin lâchés. J’ai décidé de partir très tranquille, pas reproduire l’erreur de l’année dernière, essayer de vraiment gérer pour tenir dans la durée et finir plus fort ! J’arrive à me tenir à ce plan. Le 1er km dans Courmayeur est très sympa avec la foule et c’est parti pour la montée du1er col. 1400 m de D+, ça fait une bonne mise en jambes. Je fais la montée tranquille à mon rythme, c’est une piste forestière, montée régulière, ce que j’adore. Tout va bien jusqu’à 4,5 kms, et là d’un coup, énorme bouchon (voir la photo). On passe de la piste à un single, ça pardonne pas. Arrêt complet pendant au moins 5/10 min puis ça reprend mais vraiment doucement. Ça sera comme ça jusqu’en haut, on se suit à la file indienne. Juste à 1 km du sommet, sur une petite crête, il est enfin possible de doubler et de reprendre du rythme. Je prends tout ça positivement, j’ai dû « perdre » au moins 15 min voire un peu plus, mais ca va bien avec le plan de partir en gestion. La 1ère montée ne pouvait pas être faite de façon plus tranquille. Malgré cette montée « lente », j’ai 20 min d’avance sur le plan en haut.

 

Arrivé au sommet de la tête de la Tronche, la descente est tranquille, roulante. Idem, je décide de la faire vraiment à ma main. Je double un peu mais je suis loin d’être au max, on gère !! et j’arrive comme ça au 1er ravito, refuge Bertone. J’entends Kavinski en arrivant, ça rebooste bien ! Je recomplète vite fait ma flasque en eau, j’attrape 2 TUCs et c’est reparti.

 

Je crains la section suivante car j’en garde un très (très très) mauvais souvenir de l’UTMB. Ça apparait plat sur le profil, c’est roulant mais en fait c’est fait de plein de relances, de changements de rythme !! Et cette fois, ça passe tout seul ! Pendant ce temps-là, il ne faut pas oublier de profiter de la vue, c’est le plus bel endroit du TMB pour moi, des vues sur les glaciers italiens complètement dingues. J’arrive au refuge Bonnati, qui marque à peu près la fin de ce tronçon (reste encore qqs petites relances avant la descente sur Arnouvaz !!). Même stratégie, je recomplète l’eau à une source à côté du refuge et c’est reparti de suite. La descente vers Arnouvaz se passe tout seul également, et j’y arrive au bout de 4h30 pour ¼ de la course à peu près, avec cette fois 1h d’avance sur le plan.

 

Je prends le temps cette fois de faire un 1er vrai ravito, , le combo parfait bouillon / vermicelles (on en avait pas mal discuté avec Arnaud sur la stratégie à adopter, car le prochain vrai ravito est quand même à 15kms (La Fouly) et entre 2, il y a le grand col Ferret à passer). Je refais aussi le plein de mon camelback (avec ma poudre isotonique emportée dans mon sac, la poudre Näak, c’est pas possible pour moi 😉), histoire de tenir jusqu’à Champeix. Encore une fois, grosse hésitation, optimisation du poids 1l / 1,5l, j’hésite. Je crois que j’ai bien fait rire la bénévole, et ça va se finir en 1,25l… pourquoi choisir … Quand je dis que j’ai pris le temps de me poser, ça doit être genre 10 min, ca reste un ravito efficace. Je prends aussi un verre d’eau pétillante…. A ce moment-là, je réalise que leur eau pétillante, faite par des machines type soda-stream, ben ça sert absolument à rien, y’a pas de minéraux, ni sel… ca sera la 1ère et dernière ; Pour l’ambiance musicale, j’ai eu droit à Woodkid et Aha, autant dire que je suis à fond 😊

 

Ça repart donc à l’assaut du grand col Ferret, bien motivé. En plus cette fois, je garde un bon souvenir de cette montée l’année dernière. C’est 4,5 kms pour 750 m D+, plutôt régulier, j’aime bien. Il commence à faire chaud, c’est le début d’am, mais ça se fait plutôt bien. Je me fais un peu dépasser mais je ne m’inquiète pas, je me sens bien et je sais que je suis plutôt en avance, donc potentiellement avec des gens « meilleurs » que moi. J’arrive en haut, on bascule en Suisse, et j’ai gardé mon heure d’avance, tout va bien !

 

Mon objectif est de courir toute la descente jusqu’à La Fouly. Spoiler, objectif atteint. Mais je ne le savais pas encore, c’est dans cette descente que ma course va se jouer… Globalement, elle est assez roulante, ça descend un peu plus fort au début pendant 3,5 km jusqu’au point d’eau de La Peule. J’y arrive en pleine forme, je m’arrête pour recompléter les flasques en eau (tjs la même stratégie) et je repars direct en marchant, le temps de les ranger dans le sac. Je me tort une 1ère fois la cheville. Pas grave. Je recommence à courir, je me retors la même cheville et cette fois, je m’éclate violemment par terre ! Plus de peur que de mal, mais je sens une béquille sur la cuisse gauche, j’ai mal au pouce gauche également (au moment où j’écris ce récap, j’ai toujours mal, je me demande si je ne l’ai pas cassé au passage ). Et surtout bien senti la cheville droite tourner. Le temps de reprendre mes esprits, je repars, ça a l’air d’aller… (Je me rendrai compte plus tard que ça va pas du tout en fait…). La fin de la descente se passe bien, j’arrive à garder un bon rythme sur tout le sentier qui longe la rivière avant La Fouly. ENFIN, j’y suis, la dream team est là, après 40 kms et 7h35 de course.

Comme vous avez suivi, c’est un ravito sans assistance, ils ne peuvent donc pas rentrer avec moi. Alors je ne m’éternise pas. Je refais le plein des flasques, je prends 2/3 trucs à manger et les retrouve dehors pour discuter quelques minutes. Un câlin et c’est reparti.

 

Le 2ème objectif était d’essayer de courir jusqu’à Champeix. Ça repart par une descente assez linéaire. Au début, ça va. Et après apparaissent quelques traversées de pierriers. Je commence a sentir des douleurs plus franches à la cheville. Chaque mouvement de terrain est une petite décharge. Bon an mal an, ça trottine quand même pas trop mal. La montée vers Champeix n’est pas très longue et se passe très bien. J’arrive alors qu’il fait encore jour, c’est bon signe. J’arrive avec 1h15 d’avance sur le plan (ca aura été le leitmotiv de ce début de course, je gagne du temps petit à petit, finalement les 21h semblent atteignables…).

 

Arnaud et Lisa sont là, et ils arrivent tous les 2 à rentrer. On a passé la mi-course et la nuit se profile, alors je prends le temps cette fois (un peu plus de 30 min au final) : je me change (short / t-shirt manches longues) mais ne touche pas aux chaussures et chaussettes, je sens que tout va bien pour les pieds, je prends pas de risque. Arnaud s’occupe du ravito, et comme d’hab', je lui demande bouillon / vermicelles. Bouillon OK, mais c’est des pates. Pas de pb, j’essaie. Le bouillon est imbuvable, hyper méga salé. Et les pâtes immangeables, comme l’année dernière. Ce qui devait arriver arrive, je m’empresse d’aller vomir tout ça !! ca sera la 1ère et dernière fois cette année. On passe au plan B, mon propre ravito : riz au lait + Saint Yorre. Le combo gagnant à chaque ravito jusqu’à l’arrivée. Arnaud refait aussi le plein de camelback et en nourriture solide pour le sac car je me suis super bien alimenté jusqu’à la, mais on optimise car maintenant les assistances sont tous les 15 kms. C’est l’heure de repartir !!

 

A ce moment de la course, il reste 3 montées, 3 x 800 m D+. Après Champeix, ça repart en légère descente piste forestière, là encore je me sens bien pour trottiner, même si la douleur de la cheville s’intensifie. Ca commence vraiment à me gêner. Le moindre caillou, la moindre racine se transforme en décharge dans la cheville. C’est frustrant car je n’arrive plus à courir alors que normalement, ca devrait le faire…La montée vers La Giète se passe bien. A mi-montée, je me cale derrière « Guillaume » qui va me tracter jusqu’en haut. C’est devenu un peu plus difficile de s’alimenter, la boisson isotonique ne passe plus trop, mais cette année, j’ai découvert ce sont les compotes Baouw qui vont me sauver (banane vanille, une vraie tuerie, et le petit pois céleri me permet d’amener du salé). J’arrive au ravito avec toujours 1h d’avance (j’ai repris 15 min depuis la sortie de Champeix). Le ravito dans la Grange est toujours aussi sympa, cette année, je m’arrête pour refaire le plein d’eau mais juste quelques minutes. La descente va être un enfer (je vais mettre le même temps que l’année dernière, pour ceux qui ont suivi, je vous rappelle dans quel état j’étais arrivé à Trient ! Là, ça devient vraiment un enfer, j’avance pas du tout dans la descente, impossible de poser la cheville sans douleur. Je m’étais promis de ne pas utiliser les bâtons en descente, mais là plus le choix. Ça m’aide à limiter la douleur. Quand on arrive presque à Trient, on arrive à nouveau sur un chemin en herbe, je peux à nouveau trottiner, c’est bon pour le moral. Et à ce moment-là, CRAAAAC !! La cheville replie encore une fois, j’ai l’impression qu’un sabre m’a traversé la cheville !! je m’arrête net, et pose la tête sur mes bâtons, qu’une seule envie, pleurer… dans ma tête, c’est fini, je vais abandonner, la douleur est devenue insupportable !!! C’est la goutte d’eau après cette année cata… j’attends qqs minutes puis repars en marchant , et rejoins le ravito comme ca. On voit très bien sur la vidéo que je boite. Arnaud et Lisa sont là, ils voient bien que ca va pas, Arnaud me dit que les 23h sont toujours atteignables, mais je l’arrête de suite. Il n’y a plus de plan, plus d’objectif. Enfin si, 1 seul, rejoindre Chamonix et la ligne d’arrivée ! J’ai mal mais c’est « supportable », donc je n’ai plus envie d’abandonner !! Au final, j’ai perdu 60 places rien que dans la descente alors que c’est normalement mon point fort…

 

A Trient, ils arrivent aussi à rentrer tous les 2, donc je profite du ravito, d’être avec eux, l’arrêt va être plus long que prévu initialement, mais besoin de se requinquer. Je demande à Arnaud d’aller chercher bouillon / vermicelles mais cette fois, de gouter pour moi. Verdict, encore pire, donc on va rester sur le riz au lait. Je commence a prendre un peu de café pour tenir la nuit (la aussi, expérience de 2023). Il va falloir repartir… Lisa et Arnaud m’accompagnement sur le 1er km pour rejoindre le van, ça me fait mal mais on repasse vite en mode montée donc ca me va bien. Je me rappelle que la montée vers Les Tseppes est très très costaud, et effectivement elle l’est toujours. Sauf que je suis hyper en forme et j’arrache tout. Je finis la montée avec un bénévole, on papote, il est de Célony, très bon moment, c’est cool ! Je passe le point avec 50 min d’avance, j’ai repris 64 places. Mais je sais que ça va pas être la même dans la descente.

 

2h d’enfer total…. Je mets 10 min seulement de moins qu’en 2023 sur l’UTMB. Sauf que vous vous rappelez le zombie que j’étais l’année dernière, je dormais debout, je m’étais allongé au bord du chemin pour essayer de dormir… ça montre bien que, cette année, avec la cheville en vrac, ça le fait plus du tout en descente… J’arrive à Vallorcine avec « plus que » 10 min d’avance sur le plan des 23h. J’ai reperdu plus de 40 places depuis le sommet, et l’hémorragie ne fait que commencer…

 

Cette fois, seul Arnaud arrive à rentrer avec moi, Lisa est sous le chapiteau, mais un peu plus loin, et pas de place pour être proche d’elle. Alors on va faire efficace (20 min, c’est pas mal). On continue sur les mêmes recettes, riz au lait / Saint Yorre. Y’a un truc qui va bien, c’est le ventre (et les pieds 😉) alors on va pas changer une équipe qui marche.

 

La montée au col des Montets se passe bien, en plus Arnaud et Lisa m’attendent en haut quand on traverse la route, ça fait plaisir. On part à l’assaut de la tête du Bechar, tout va bien. Juste après, on a droit à la descente la plus technique de l’UTMB, des grandes marches, des racines. L’année dernière je me suis régalé, ça me rappelait les terrains à côté de chez moi. Mais cette année ca va être le cauchemar ultime. Je descends marche par marche, j’ai super mal. En plus de la cheville droite, la béquille de la cuisse gauche se fait maintenant sentir. Un enfer. Je vois tout le monde me doubler. Je regarde ma montre, à la place de l’allure, je vois - :-, tellement j’avance pas … c’est pas long (1,5 km, mais j’ai l’impression que ca dure des heures (surement 1h …). Enfin, le terrain redevient plat plus monte, je suis content !! je peux reprendre du rythme (je sais c’est pas logique). J’arrive à La Flégère au moment du levé du jour, c’est magnifique. Je profite du moment à défaut de profiter de la course. Je passe à La Flégère avec cette fois 20 min de retard sur l’objectif de 23h, je sais depuis longtemps que c’est mort. C’est juste opération sauver les meubles, « rejoindre l’arrivée ». A cause de la descente du Bechar, j’ai perdu 56 places (en soi le classement je m’en fous, c’est juste un indicateur). J’ai surtout mis 45 min de plus qu’en 2023. Je pense qu’il y a rien d’autres à ajouter  !

 

La descente vers Chamonix va être longue, très longue. Une randonnée parce que je peux pas faire autrement. Les coureurs défilent, c’est dur … Je préviens l’équipe que l’arrivée va être très lointaine… Bon finalement , c’est moins pire que prévu mais ca reste pas terrible … Juste avant Chamonix, on retrouve un chemin, je peux me remettre à courir, enfin. Je vais tenir ainsi jusqu’à l’arrivée, histoire de se remonter un peu le moral. La dream team m’attend juste avant l’arrivée, on finit tous ensemble, c’est juste trop bien à vivre. Avec Lisa, cette année, on surveille nos arrières, y’aura pas un mec qui va venir gâcher mes photos d’arrivée. Enfin, arrivé !!

 

Je savoure pas vraiment, je suis surtout soulagé. Finalement, j’ai réussi à passer sous les 24h. J’ai mis 1h54 pour la dernière descente, quand l’année dernière 1h20… voila voila …

 

Je vais bien profiter du ravito d’arrivée. Je me laisse tenter par un hot dog a base de diots. Et la bénévole me convainc de prendre une bière avec (j’avoue que j’étais facile a convaincre 😊). Trop bon. J’en reprendrai un 2ème ! 😊

 

Reste à récupérer mon t-shirt. A l’arrivée, on m’envoie vers le stand finisher. Au stand finisher, on m’envoie vers un point info. Au point info, on m’envoie … vers un gymnase au fin fond de Chamonix…. Bon, c’est a cote de la douche, on va pas faire le déplacement pour rien !! Arrivé au fameux gymnase, on est au bon endroit. Mais celui qui doit nous le donner est parti …. Finalement, c’est Lisa qui va attendre et le récupérer… Enfin … Merci l’UTMB !!!

 

Après la douche, j’ai en tête de trouver un t-shirt CCC… Sauf que le village UTMB n’existe plus , démonté , RAS … Quand je dis que en partant de Courmayeur , on est hors UTMB … on ne participe pas au même événement… Dommage. Bon, j’ai un joker, j’ai repéré qu’ils étaient en train de monter un stand UTMB juste à côté de l’arrivée, c’est reparti pour une nouvelle traversée de Chamonix 😉. Ils cherchent à liquider le stock. Pas de t-shirt, mais sur un malentendu, je trouve le sweat. Et il est a 50%. Finalement, je m’en sors pas si mal 😊

 

Bref, grosse déception sur l’organisation UTMB pour la CCC cette année. Franchement, c’est plus que léger …

 

La course finie, on va profiter de notre raclette « classique » le midi, de se reposer et un bon dernier apéro le samedi soir. Ca fait du bien de passer du temps avec l’équipe.

 

Vous l’aurez compris, cette CCC restera paradoxale pour moi. Y’a qqs années, faire 24h m’aurait paru un exploit. La, je suis frustré. Très frustré. Méga frustré. J’étais en super forme, bien préparé, reposé. J’ai très bien géré le rythme et l’alimentation. Et puis, y’a eu cette entorse… C’est ma faute c’est comme ca ! En attendant, je sais maintenant que le format 100k / 1 nuit me convient parfaitement. Au final, les 21h, je les avais dans les jambes. Et rien que de me dire ça, c’est juste incroyable ! A garder en tête !

 

Petit bilan 'à chaud' de cette année 2024 de trail :

  • Clairement l’année de trop sur le format ultra. Pas motivé, pas l’envie de me faire mal, de m’entrainer. Usé par les 3 années précédentes de courses et tous les événements. L’envie de souffler. Facile à dire après coup, je l’ai pas vu arriver, j’étais plein d’envie début 2023 !

  • Des résultats qui vont avec, pas terribles. Des DNS, DNF comme j’avais jamais connu.

  • Côté positif, et on va retenir ça évidemment, je sens que j’ai franchi un palier. Capable de tenir un rythme de course plus élevé qu’avant, et surtout plus longtemps. Enormément appris sur la gestion de course (l’alimentation, l’optimisation de l’eau et du poids). Juste dommage que ça ne se soit pas matérialisé au moins sur une course

  • Et puis, last but not least, j’ai fait des magnifiques rencontres, gagné des nouveaux amis juste incroyables, et ca, ca a pas de prix 😊

Merci à tous de m’avoir lu ! je sais pas faire court désolé. Et peut-être, que j’avais beaucoup à évacuer 😉c’est plus un résumé 2024 que le récap de course CCC 😊

 

Un énorme merci à tous ceux qui m’ont soutenu à distance. C’est juste incroyable ce soutien, tous les messages que j’ai reçu. Vous vous en rendez pas compte mais ca porte énormément pendant la course. Vous êtes géniaux ! Désolé à ceux à qui j’ai pas répondu.

 

Bon, évidemment, je finis par un énormissime merci à ma dream team d’assistance. La meilleure du monde évidemment en toute objectivité 😊Un soutien indéfectible, un réconfort quand y’a besoin, une organisation super huilée. Des moments de partage incroyables, des fous rires, du bonheur à l’état pur. Des moments juste inoubliables !! Je vous aime 😊

 

Et oui, c’est fini. Vous êtes arrivés au bout . Vous allez pouvoir reprendre une activité normale 😉

 

 

THE END !

 

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Commentaires: 7
  • #1

    Jérôme (vendredi, 04 octobre 2024 23:08)

    Bravo Fred

    Quel courage !

    Merci pour le partage

  • #2

    Le moyen (samedi, 05 octobre 2024 06:50)

    Fred, tu m’as redonné envie de déguster du riz au lait, merci pour ça!

    Un compte-rendu à la hauteur de la performance ! Joli ;)

  • #3

    MoniqueCC (samedi, 05 octobre 2024 15:31)

    Bravo Frédéric...merci pour le compte-rendu..quelques termes techniques qui m'échappent mais je ressens bien le parcours en lisant ta narration explicite.
    L'avenir te donnera d'autres performances..�

  • #4

    Geneviève (dimanche, 06 octobre 2024 23:06)

    Respect ! Super compte rendu. Bon courage pour tes autres projets.

  • #5

    Arnaud (lundi, 07 octobre 2024 19:13)

    Gros gros point positif que tu n'as pas évoqué : cette expérience montre la force morale exceptionnelle que tu détiens. On l'avais déjà remarqué à Nice, mais la ça confirme !
    Nota : j'avais pas mis 18h30, j'avais mis 18h11. non mais.

  • #6

    Arno (lundi, 07 octobre 2024 23:53)

    Bravo Fred pour ta course et pour ce recap, on s’y croirait… Tu vas pouvoir écrire un bouquin !�

  • #7

    Stef LeBlond (jeudi, 10 octobre 2024 21:02)

    Merci Fred' pour ce beau compte-rendu de cette CCC, bien compliquée donc à boucler, du fait de cette vilaine cheville et une prépa' qui ne fut pas un long fleuve tranquille.. Mais malgré ça, tu l'as fait, tu as passé cette merveilleuse ligne d'arrivée à Chamonix, en faisant donc preuve d'un gros mental, caractéristique du véritable ultra-trailer que tu es devenu.
    Voilà donc l'UTMB et la CCC de faits, place maintenant à la Diag' je suppose. Quoi qu'il en soit: bon courage pour les défis/projets de 2025, qu'ils soient encore aussi pleins de belles rencontres, et nous donnent au final encore de beaux récap' à lire.