[..oui, oui, je sais, 'sont trop longs mes récap' et personne ne les lit.. Du coup, j'ai tenté de faire court, sans succès, mais 108kms et presque 24heures ne se résument pas juste en quelques mots.. Mais j'aurai pu laisser les (nombreuses) photos parler à ma place, je pense qu'elles témoignent bien de la beauté des paysages et de la difficulté du parcours..]
Bonjour les Taureaux,
Et oui, encore un ultra-trail, le 4ème sur les dix derniers mois, ce n'est pas très raisonnable, mais là il est question de passion, et quand on aime, on ne compte pas trop.. Ce n'est pas là où je me débrouille le mieux, et c'est là où je souffre le plus, mais c'est aussi là où l'on fait le plein d'émotions, où l'on passe par tous les sentiments, où l'on vit pleinement l'incroyable décor qui s'offre à nous. Et cette fois-ci c'est dans le merveilleux décor des Pyrénées et plus précisément dans les montagnes de la petite Principauté d'Andorre où j'ai décidé d'aller crapahuter un peu / beaucoup. La course proposait et permettait de faire le tour du pays en passant par ses sommets, et en franchissant son point culminant. Ou comment combiner sport avec tourisme et découverte d'un (petit) pays (merveilleux)..
L'évènement en question c'est l'Andorra100, qui propose sur un weekend aussi bien un 7km, qu'un 21, qu'un 50 et donc qu'un ultra de 105kms. Cette année, c'est «by UTMB», ce qui entraîne une augmentation du prix d'inscription, mais heureusement aussi une organisation encore plus aux petits oignons et une internationalisation des participants, venant d'un petit partout dans le monde.
Les chiffres de ce qui m'attend ressemblent à ceux de l'ultra de Madère, couru il y a 2mois : on part pour 105kms avec 6900m de D+. Quelques difficultés s'y ajoutent quand même par rapport à Madère : là on progressera en (haute) montagne (point culminant : 2942m, point le plus bas : 1000m), avec la météo et le terrain qui vont avec, et, grosse différence pour ma part cette fois-ci : j'y suis allé en solo, sans assistance/supportrice donc. J'avais par contre le même objectif que j'ai toujours sur un ultra-trail : en prendre plein les yeux, profiter à fond des paysages et de l'ambiance, histoire de ne pas en prendre plein les pattes et souffrir pour rien..
Allez, comme je tente de faire court, allons droit au but : le top départ est donné le vendredi à 19h, du centre du village d'Ordino, aux couleurs de la course, qui suscite un bel engouement dans la région. On est environ 400 à débuter par un tour dans le village, avant de le quitter par la route pour se diriger vers les hautes montagnes..
Ce qui nous attend au début est assez limpide : on va passer de 1300m d'altitude à ..2942m, où le sommet du pic de Comapedrosa, point culminant du pays, nous attend. Et il va pouvoir nous attendre assez longtemps, parce que ces 16kms avec 1600m de D+ ils vont faire mal et bien user les organismes.. Pour ma part je suis parti relativement vite, et me retrouve apparemment dans les 80 premiers, où le rythme est soutenu et ça ne plaisante guère. J'ai l'impression d'être prudent quand même et n'ai qu'un seul petit objectif : arriver avant la tombée de la nuit en haut, histoire de voir l'incroyable vue du sommet sur tous les Pyrénées. Objectif atteint après un déjà rude effort : à 21h55 je suis tout en haut. et peut admirer le coucher de soleil, magique. Bon, je ne peux pas trop m'y attarder quand même, parce qu'avec la nuit vient le froid, donc j'enfile quelques couches supplémentaires ainsi que ma frontale pour m'attaquer à la descente, qui s'annonce bien technique, avec beaucoup de caillasse à une telle altitude. Avant d'engager la descente, une féminine me passe, je découvrirai que c'est elle qui finira première sur la ligne d'arrivée, 20ème au scratch.
Pour l'instant il n'est nullement question encore d'arrivée, si ce n'est celle à Andorre-la-Vieille, qui est désormais le prochain objectif, située tout au bout de l'interminable descente, au 37ème km du parcours, et qui sera synonyme de 1ère base-vie, et de point le plus bas de la course. La nuit est totalement tombée désormais, et je peux assister au défilé des petites loupiotes qui descendent dans l'obscurité cette grande montagne, c'est magnifique. Je me retrouve seul dans cette partie, tous les sens en éveil, sur cette longue descente technique nocturne.
Je commence enfin à apercevoir, au loin, en bas, les lumières de la capitale d'Andorre, ville bruyante d'habitude, centre de shopping animé, qui désormais, à une heure pareille (1h passée), est toute calme, endormie. C'est assez surréaliste de passer avec nos accoutrements d'ultra-trailers (avec bâtons, camelbak's chargés, frontales) devant les néons des boutiques de mode fermées et de traverser les rues désertes. On arrive à un petit stade, sans public hélas, où un ravitaillement nous attend, c'est la 1ère base-vie. Cela avait été proposé, mais pour ma part je n'y ai pas laissé un sac d'allègement avec des vivres et des affaires propres, ça je l'ai fait à la 2nde base vie, qui elle sera à la station de ski de Grau Roig, située à 60km, juste après la mi-course donc.
A cet arrêt-ci je ne m'arrête donc pas si longtemps, même si je prends le temps bien sûr de manger chaud (des pâtes) et de retirer quelques couches, sachant que là on est en ville à 1000m d'altitude, et qu'il y fait une belle température. Bon, celle-ci va baisser au fur et à mesure qu'on va monter, mais l'effort que ça va nous demander réchauffera amplement l'organisme, surtout que l'effort va être énorme : là on s'attaque à une montée de 1800m de D+ ! Et ça sur 14kms. Bref, on va prendre cher..
Je suis un autre coureur pour la montée, qui me semble avoir un bon rythme. Euh, bien soutenu quand même le rythme, je dois cravacher pour rester dans sa trace et ne pas perdre de vue sa frontale. On monte petit à petit, et petit à petit, mon énergie diminue. Alors qu'on passe les 2000m d'altitude et qu'il est 3h30 du mat', je suis toujours en t-shirt, chauffé par l'effort que demande cette terrible montée. On passe un ravito', je bois, remplis mes flasques et repars, essayant toujours de garder le rythme que les 2-3 autres grimpeurs autour de moi maintiennent. Je découvre aujourd'hui qu'à ce moment-là j'étais 56ème de la course, entouré de très bons ultra-trailers, et que c'était un niveau un peu trop élevé qui me demandait de beaucoup puiser dans mes ressources, alors même qu'on n'était pas encore à la mi-course.
Là désormais on passe les 50kms, et un peu plus tard, la mi-course. Je continue de bien avancer, mais puise dans mes réserves inexorablement. Les objectifs en avançant deviennent de plus en plus du court terme : avant je visais la base vie au 60ème km, maintenant simplement le prochain ravito', voire même juste le prochain km qui défilera, très lentement, sur ma montre que je regarde de plus en plus, ne serait-ce que pour voir si on se rapproche quand même des 2800m d'altitude qu'il faudra franchir.. Ca commence à être dur, et je suis content de voir, lumière dans la sombre nuit, le prochain ravito', où un courageux bénévole nous attend pour nous proposer à boire et à manger. Il nous informe qu'il reste 300m de D+ à monter, et que là-haut il fait très froid, avec beaucoup de vent, et avec un passage assez long en crête, explosé aux vents donc. Bref, 'faut bâcher et mettre un max de couches. C'est ce que je fais, gants inclus.
Je repars emmitouflé et moins tonique qu'il y a quelques heures. Le gars que je tentais de suivre s'est envolé depuis longtemps, et un autre qui est reparti du ravito aussi, me passe et dépasse, sans que je puisse le suivre. La fin de la montée est un calvaire pour moi, c'est terriblement raide, droit dans la pente, avec un horrible vent et, pour ma part, des jambes lourdes suite à cette interminable montée. J'ai froid et avance de moins en moins. Je commence à être un zombie dans la nuit qui tente de se hisser en tirant sur ses bâtons pour monter encore un peu et m'approcher du sommet qui semble ne jamais se présenter à moi. Il est 5h30 du mat', j'ai terriblement hâte d'être en-haut, mais aussi de voir le jour se lever et avec lui la température monter. J'arrive enfin sur la crête où le vent est à son apogée. Il commence à y avoir de la lumière, mais sans la chaleur encore, je vois qu'on a quasiment fini de monter et je commence à apercevoir ce qui se cache derrière cette terrible montagne, en l'occurrence un paysage de dingue, avec des dizaines de lacs d'altitude, et un panorama à couper le souffle. Mais pour l'instant mon souffle est coupé par l'effort et moi-même frigorifié. Je veux quand même immortaliser cette vue, mais mes doigts, gantés pourtant, sont trop gelés pour arriver à sortir l'appareil photo de mon sac.. Je continue donc d'avancer, lentement, alors que les premiers rayons de soleil commencent enfin à passer au-dessus des sommets au loin et mettre en lumière cet incroyable décor dans lequel j'essaye de progresser.
Je me mets à l'abri du vent et arrive à sortir mon appareil pour immortaliser ces vues. C'est grandiose et me permet d'oublier cette phase galère. Il est temps de faire la bascule et d'enfin descendre, ce qui devrait permettre de retrouver de la vitesse et de la chaleur. Euh.. pour ce qui est de la vitesse, ce n'est pas certain : c'est très technique et je cours mal. Au début de la descende, c'est raide et très caillouteux, donc peu propice à courir, mais plus bas, je ne m'en sors toujours pas. Je me cogne à chaque pierre, je ne trouve pas mes appuis, je prends des tracés pas logiques pour arriver au prochain petit drapeau de balisage alors qu'un chemin plus simple allait tout droit, bref je cours 'en carré', pas souplement, et progresse donc vraiment lentement, tout en râlant. Après la terrible et interminable montée, j'espèrais pouvoir recourir un peu et retrouver un peu de pep's, mais pas du tout en fait, j'avance comme un con et n'ai plus d'énergie (et peu le moral). Voir les autres coureurs me passer allègrement n'aide guère. Même si le classement est totalement secondaire, se voir perdre tant de places après un tel effort à la montée c'est frustrant. Mais je sais que c'est aussi ça l'ultra, avoir des gros coups de moins bien, avoir le moral au fond des chaussettes, avant de retrouver la pêche et le moral au beau fixe. Pour l'instant ce n'est pas le cas, mais j'espère bien que la base vie, situé à Grau Roig dans 2 ou 3kms, y contribuera. Encore un autre coureur arrive à ma hauteur/bassesse, c'est un français -il habite Perpignan- qui apparemment en chie aussi. On joint nos maigres forces pour aller rallier ensemble cette satanée base vie, qui semble ne jamais se présenter.
Ahh, après 62kms en tout et déjà plus de 12heures d'effort (il est 7h du mat' passé), la voici enfin. On va donc pouvoir se poser, se poser vraiment, longuement, pour tenter de reprendre des forces et retrouver le moral. Là j'ai bien mon sac d'assistance qui m'attend, avec plusieurs barres énergétiques, mais aussi et surtout des habits propres. Avec mon copain d'(in)fortune, on discute («Pfff, plus jamais d'ultra-trail, pourquoi on fait ça.. ?»), on prend à manger (des pâtes chaudes pour ma part) et à boire (soupe et coca) pour tenter de se requinquer. On n'est pas au top tous les deux, alors que d'autres arrivent au ravito', mangent un bout de pain et repartent de plus belle, quasiment le sourire aux lèvres.
Nous c'est pas le cas. Je me change de la tête aux pieds, ce qui fait du bien quand même. Mon nouveau copain est déjà prêt à repartir, mais décide gentiment de m'attendre histoire qu'on reparte ensemble. Je me dépêche donc à remplir mon camel' et de lui embrayer le pas pour qu'on s'attaque ensemble aux prochains sommets. Oui, ça remonte évidemment. C'est dur, mais au moins on a une bonne excuse pour marcher et avancer qu'à faible allure. Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde : on continue à se faire dépasser. On parle un peu ensemble du classement et du temps final, on sait qu'on recule et que ce sera dur de finir top100, et niveau chrono, ça devient de plus en plus compliqué de passer sous les symboliques 24heures, ce que j'espèrais pourtant un peu au départ (comme j'avais fait à Madère). Sinon, on papote de tout et de rien, c'est aussi ça l'ultra : passer des heures avec un parfait inconnu avec qui on parle aussi bien de sa vie que de futilités, pendant plusieurs heures. Le prochain ravitaillement est prévu 10kms plus loin, après donc une montée (à 2600m) puis une redescente. Là encore ça semble interminable. On est rejoint par un 3ème larron, plus jeune, français aussi, de Montpellier, qui transforme le duo en trio. En file indienne on parcourt les longs kms qui nous séparent du ravito'. On n'arrête pas de regarder nos montres et de se dire que le ravito' aurait déjà dû être là. Finalement, au lieu d'être au 70ème il est au 73ème, plus de 30minutes plus tard donc.. Ca nous fout un gros coup au moral, d'autant plus quand on apprend qu'au final il y aurait 109kms et non pas 105kms. Enfin peut-être, ce n'est pas sûr. Pfff, pas cool cette incertitude, sachant que oui oui, c'est énorme alors 4kms à ce moment-là. On se dit alors que les 24heures ne semblent plus jouables. Mais bon, ce n'est pas bien important évidemment, il s'agit maintenant de continuer, et de faire les 32 ou 35kms qui restent, et ce alors qu'on en est à 16heures de course.
Bon, ce qui est cool, c'est que les paysages sont toujours aussi beaux, sous un joli soleil, et qu'on est à trois, en train de se soutenir et motiver. Prochain ravito, dans 9kms, et on aura passé les 80kms. Ca monte et ça redescend. On avance, comme on peut, pas super vite au vue de l'allure des autres. Ca y'est : on arrive à l'avant-dernier ravito', au 82ème km apparemment, avec presque 6000m de D+ dans les jambes. On a dépassé une féminine (5ème d'après nos comptes) assise au bord du chemin, proche de l'abandon. Elle arrive quand même au ravito alors que nous on remplit nos flasques pour repartir. Elle veut abandonner, on tente de la motiver de continuer et de nous suivre, pour aller jusqu'au bout, dans un rythme piano mais sano. Or dehors il commence à pleuvoir, ce qui finit par avoir raison de sa motivation, elle n'ira pas plus loin.
Nous trois, on sait qu'on va aller au bout, même si pour ça 'va falloir serrer les dents encore quelques heures. Un jeune andorran qui semble bien connaître le coin, nous décrit précisément ce qui nous attend sur cet avant-dernier passage : d'abord une petite montée de 300m de D+, puis une redescente, puis une remontée de 600m de D+, et puis on aura fini tout le D+ de la course et y'aura plus que de la descente, avec un dernier ravito' à 10kms de la fin. Mouais, ok, c'est noté, on va s'attaquer à ça alors. On sait que ça va être très dur, on n'en peut plus, mais faut qu'on serre les dents et qu'on continue d'avancer, en marchant en montée bien sûr et en tentant de trottiner un peu lorsque ça descend, en espérant que ça ne soit pas trop technique.
On lève parfois la tête des baskets pour voir ce qui nous attend, et là, en l'occurrence, ce qui nous attend est assez dingue : une gigantesque passerelle suspendue par-dessus un profond vallon. C'est ouf et c'est génial. On immortalise l'endroit avant de s'engager sur ce très long pont suspendu. Les quelques touristes qui passent par là nous font la place, même si là nous sommes aussi en mode touriste, les yeux grands ouverts et la démarche lente pour profiter de ce super passage. Fini de rigoler ensuite, ça remonte..
La météo est capricieuse : une fois qu'on a mis nos vestes coupe-pluie, ça s'arrête et le soleil repointe le bout de son nez, et vice versa. C'est pénible, mais bon, ça nous fait une excuse pour s'arrêter le temps d'ouvrir et de refermer son sac. A ce moment-là de la course c'est dur pour tout le monde, les organismes sont fatigués et on avance surtout au mental. Avec le jeune, on creuse involontairement l'écart avec mon pote de mi-course. On l'attend un peu, se retourne plusieurs fois, mais l'écart de rythme est trop important, inexorablement on s'éloigne de lui. Mais il est gaillard et a un gros mental (il est finisher du Marathon des Sables par exemple), je sais qu'il va continuer à son rythme et arriver au bout. On se salue à distance avec nos bâtons.
Avec le jeune, on poursuit notre chemin, sachant qu'on n'est plus trop loin du dernier sommet, qui marquerait la fin du D+ (6900m bientôt) et le début d'une looongue descente qui nous mènera à l'arrivée, à Ordino. Quand on pense arriver au sommet, enfin, on s'aperçoit, déçus, que derrière se sache encore un autre sommet, avec donc encore de la montée.. Notre mental est vraiment mis à rude épreuve, encore plus lorsque la pluie reprend de plus belle, et que ça se transforme même en grêle.. Aaargh, c'est vraiment hard là, heureusement qu'on arrive (enfin!) au sommet et qu'on va basculer dans la descente jusqu'à d'abord le dernier ravito, puis cette satanée ligne d'arrivée tant attendue. Il reste environ 13kms, puis plus que 10 après le dernier ravito'... pense-t'on..
Après quelques kms de descente, arrivés au dernier ravito, on est vite informés (et déçus) : «les gars, il reste 13kms encore».. Pétard, c'est dur à encaisser. D'autant plus qu'on commençait à retrouver le moral et à se dire que les 24heures étaient encore jouables.. Là on en est à 22h20 de course, et vu le peu d'énergie qu'il nous reste et la raideur des jambes, ça va être compliqué d'y arriver.. Mais avec le jeune on se motive, après un coca et quelques Haribo on quitte ce tout dernier ravito' pour faire la toute dernière partie, avec en tête quand même l'espoir de passer sous les 24heures..
On commence à descendre, sur du bitume heureusement. J'ai un regain d'énergie et surtout une hargne qui me prend, et qui me va me transcender pour tout donner pour finir au plus vite cette course de dingue. Le jeune a du mal à me suivre et me dit d'y aller, de tenter de passer sous ces 24h, lui prenant un peu plus de temps pour retrouver de l'entrain. Je me lance donc dans la descente, qui devient vite technique et donc moins rapide. Je suis en mode 'machine' ne me souciant plus de la fatigue et du mal aux jambes, je trace et tente de foncer le plus possible. On a passé les 100km. Et rapidement les 105km. Je reprends quelques coureurs, mais c'est très clairsemé et les écarts entre chacun sont énormes. On longe un cours d'eau, c'est assez sympa, je prends 2-3 photos, mais ne m'y attarde pas plus, je suis focalisé sur l'idée de franchir cette ligne, au plus vite. Je serre les dents, et tente, dès que possible, de relancer. La fin est interminable, on en est déjà à 107 kms, et toujours pas de village en vue, ou de speaker à entendre. Puis je reconnais les tous premiers kms qu'on a parcouru en sens inverse la veille, ça me donne donc une idée sur ce qu'il reste à parcourir. Ca y'est, je retrouve Ordino, et bientôt le centre du village, avec la voix du speaker et le bruit de la foule. Comme y'a aussi l'arrivée des coureurs du 50km, je passe encore 2 derniers coureurs, avant de me retrouver sur le long tapis rouge pour la ligne droite finale. Et là évidemment c'est la délivrance, des secondes de bonheur où l'on oublie totalement la douleur qu'on a dû surpasser pour arriver là. Je lève les bras et passe la ligne d'arrivée avec un big sourire. YESSSSSSSSS, c'est fait ! La joie qu'on ressent à ce moment-là est difficilement descriptible.
Je regarde le temps : 23h44, yes ! On me met une belle médaille autour du cou et me félicite (en anglais, français, ou en catalan, je ne sais plus). J'apprendrai plus tard que j'ai grignoté une dizaine de places sur la fin pour finir 83ème. Avant de quitter l'aire d'arrivée, je vois mon jeune compagnon de route en finir aussi, sous les 24h également.
En regardant ma montre et les chiffres de ce long périple, je vois aussi les bracelets autour de mon poignée. C'est fait : 4 ultras en 10mois. Bon ben, je peux prendre la retraite maintenant. Finies ces conneries. Repos, bières, bonbons, c'est un programme estival qui m'irait.. euh, un certain temps..
'Visca Andorra, gràcies per tot',
Stef LeBlond
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Francky (samedi, 02 juillet 2022 11:18)
Quel champion. On va créer un Tac de Diamant !!
Geneviève (samedi, 09 juillet 2022 13:51)
Merci Stéphane pour ces belles photos et ce compte rendu détaillé, j'ai l'impression que je cours un peu avec toi, il est vrai que les 24 h de Peynier en solo m'ont fait toucher du doigt les difficultés d'un parcours hors normes (pour moi) et c'est tellement de plaisir qu'on en redemande. N'oublie pas que le repos est important entre tes défis. Pour Francky que je ne connais pas, j'ai été en 2018 TAC'ettes de diamant. Je pense très fort à vous toutes et tous. Bises
Thomas (dimanche, 10 juillet 2022 19:21)
Ah, heureusement Stef j'ai pu poser 2 semaines de congés pour lire ton super recap et découvrir les magnifiques photos (petit rappel : récapitulatif = qui sert à récapituler, et pas à détailler donc :-)). En tout cas bravo, encore un ultra à ton compte, quelle année runnistique !!