Bonjour à tous,
1ère édition de ce "Grand Trail du Lac de Serre-Ponçon" imaginée en 2018 par le grand et fabuleux François d’Haene. Accompagné par deux 'compères', ils ont alors réalisé cette boucle de 178kms avec 10 000m de dénivelé positif en un peu plus de 34h. L’idée de ce parcours étant de contourner le grand lac de Serre-Ponçon en franchissant les plus hauts sommets aux alentours avec seulement 3 bases de vie, et ce en équipe de 2 ou 3.
Travaillant à EDF, où je suis l’un des acteurs principaux de la gestion de cette retenue pour nos moyens de production hydroélectriques, j’ai décidé d’en faire un objectif pour la saison 2020.
Malheureusement, comme vous le savez tous... 2020 fut une année à oublier !
Ce n’est que partie remise pour l’année 2021 avec la possibilité de perfectionner mon entraînement en ultra. Ce sera la plus longue distance que je vais parcourir. Pour rappel, ma plus longue distance jusqu'à là était le 'Trail de Bourbon' réalisé en 2019 en moins de 24h avec une très belle 70ème place.
La course doit se dérouler le vendredi 17 Septembre. Malheureusement, début Août, mon compagnon de route (Sébastien Husson) se blesse (pubalgie). Je cherche dans mes connaissances, mais à moins d’un mois et demi de l’épreuve, personne n’est apte à partager avec moi ce magnifique, mais extrêmement exigeant, parcours. Je contacte l’organisation afin de faire basculer mon inscription sur le demi-tour du lac (:86kms et 5 800m D+).
Le départ ne se fera donc plus d’Embrun mais d’Espinasses et sera donné le samedi 18 Octobre 2021 à 12h.
Les organisateurs ont voulu frapper fort pour cette 1ère édition. Il propose donc plusieurs parcours afin d’attirer un maximum de trailers pour profiter des montagnes autour de ce magnifique lac. Les parcours à l’honneur pour cette édition 2021 sont :
176 kms et 11 260 m D+
86 kms et 5 800 m D+
48 kms et 3 300 m D+
15 kms et 510 m D+
Présentation du parcours des 176 kms :
Pic Morgon (23km 2324m d’altitude)
Fort de Dormillouse (63km 2505m d’altitude)
Mont Colombis (98km 1734m d’altitude)
Mont Piolit (120km 2464m d’altitude
Col de la Coupa (143km 2323m d’altitude)
Mont Guillaume (163km 2550m d’altitude)
Pour ma part, sur le 86', ce seront ces 4 derniers sommets qui seront au programme du jour.
Après tous ces petits détails d’organisation, nous y sommes enfin. Le 'Jour J' est bien là et mes supporters sont là pour m’encourager. Je pense particulièrement à mes parents qui ont fait le déplacement de la Sarthe ainsi quelques amis dont 'Les Rougails' Steph 'Le Blond' et Fred 'La Tortue'. D’autres personnes sont également là en version 2.0 (tracker en live).
Le temps est idéal, il fait beau, il fait chaud. Une bonne journée de trail s’annonce.. Euh, enfin non: on nous alerte d'une dégradation (orages) dans la soirée. L’organisateur a même été contraint à revoir le parcours et supprimer la dernière difficulté le Mont Guillaume. Je me dis que je suis content de cette annonce à la vue de la difficulté qu’elle représente, mais un peu déçu bien sûr, de ne pas pouvoir réaliser la demi-boucle entière. Attention, orage prévu à partir de 22h: "Je n’aime pas! j’ai peur! mais j’y quand même !".
Nous y voilà sur la ligne de départ (environ 280 participants). L’ambiance y est particulière, un peu tendue ! Personne ne sait ce qui nous attend ! C’est la 1ère édition, le parcours est difficile. Nous attaquons d'entrée de jeu les choses sérieuses avec le Mont Colombis. Au bout de 8kms de course, nous aurons déjà plus de 1 000m de D+ dans les jambes. Le départ est donné sur la route avec une petite boucle de moins d’1km dans le village afin d’étirer le gros du peloton. Je préfère être à l’avant-poste pour ne pas me retrouver bloqué. A l’entame du 1er single, je me retrouve aux alentours de la 10ème place. Le train se met tranquillement en route... Les premiers imposent déjà un gros rythme. Je reste avec le groupe jusqu’au 4ème km avant de les laisser partir. La course est longue, il ne faut pas laisser trop de jus dans cette première montée.
Heureusement, nous sommes à l’ombre dans les bois car il fait chaud ! Aux alentours des 1500m d’altitude, nous sortons de la partie boisée. Nous avons la chance d’avoir une vue à 360°. D’un côté, nous dominons le Lac de Serre-Ponçon et de l’autre, nous apercevons Les Demoiselles Coiffées de Théus & Remollon. Un panorama à couper le souffle, dans cet espace, la faune et la flore sont d’une extrême richesse et les paysages d’une grande variété. Peu avant d’arriver au sommet, je reçois un encouragement. Je ne m’y attendais pas: mon père ! Un peu plus loin le reste de mes amis. La forme est là, la montée s’est bien passée, ça me booste encore plus ! Steph finit la montée à mes côtés en me disant : "C’est beau ce que tu es en train de faire, tu es 10ème continue sur cette lancée !". Il m’annonce que les premiers ne sont pas loin devant. Je ne m’affole pas, la course est encore longue. J’entame la descente. Pour débuter : une bonne partie sur du bitume. Je remets un peu d’allure dans ma course.
Au bout de quelques kilomètres (environ 2kms), une douleur survient dans le bas du ventre puis remonte progressivement au niveau des côtes. Elle me contraint à ralentir le rythme et m’oblige même à marcher. Je me fais doubler par un concurrent qui ne me voit pas très bien. Il s’arrête à mes côtés. Je lui raconte mes douleurs. Il me demande de m’étirer car il a déjà connu ces douleurs là. Après quelques minutes de marche, je reprends la course à pied tranquillement. La douleur ne passe pas mais n’empire pas non plus. Je continue sur un bon rythme jusqu’au ravitaillement qui est à Chorges (19ème km et 2h11 de course). Je prends un peu de temps pour le ravitaillement mais pas trop non plus ! Je suis 11ème ! Je m’apprête à attaquer la seconde montée du parcours le Mont Piolit, que les coureurs de l'UltraChampsaur connaissent bien, qui culmine à 2464m d’altitude. Nous sommes à 870m d’altitude et il a environ 11kms de montée..
En repartant du ravitaillement, je ne suis pas au mieux de ma forme. J’ai chaud, je transpire beaucoup ! Je marche vite afin d'essayer de reprendre mon rythme. Je commence à m’inquiéter sur mon état. Mes supporters ne sont pas là. Je les appelle pour savoir où ils sont. Ils se sont arrêtés faire les courses en pensant avoir le temps (1h d’avance sur mon objectif..). Finalement, je vois mon état se détériorer de plus en plus. Je les retrouve quelques kilomètres plus loin. Je m’arrête, m’assoie, m’allonge, me déshabille. Ils m’aspergent d’eau pour me refroidir. Je prends une petite dizaine de minutes avant de partir. Le rythme cardiaque est redescendu, je repars. Au bout de quelques mètres, je me sens de nouveau essoufflé et je n’arrive pas à mettre un pied devant l’autre. Je prends les bâtons pour me soulager le corps mais j’ai de grosses douleurs dans les épaules. Accompagné de Steph le blond qui me préconise une pause et me rassure en disant que la course est longue, que cela va passer... Je repars au bout de quelques minutes, les symptômes sont les mêmes ! Je suis essoufflé, plus de force, mal partout et je transpire des jambes ! C’est quelque chose qui ne m'était jamais arrivé. Je refais une troisième pause ! Le moral commence à flancher. Je me dis que la course est longue mais la réaliser dans la souffrance, c’est n’est peut-être pas une bonne chose surtout qu’il reste de gros morceaux..
Les concurrents me passent les uns après les autres. Certains s’arrêtent pour me demander si ça va et d’autres s’inquiètent sur mon état. Après ces longues minutes de réflexion et d’échanges, je décide de renoncer. ABANDON ! C’est une chose que je déteste ! Il reste un trop long chemin et il serait trop dur et dangereux de tenter pour rallier la ligne d'arrivée. Il est temps de faire demi-tour. C’est avec frustration et une désolation pour toutes les personnes qui me suivent et moi-même qui n’ai vraiment pas l’habitude d’abandonner une course.
Après avoir rejoint tout le monde, je m’aperçois que je ne suis pas le seul à faire demi-tour à ce moment de la course. Je me rassure comme je peux même si j’ai le moral dans les chaussettes. Mon corps en a voulu autrement. J’ai même des nausées allant jusqu’aux vomissements.
Il ne faut rien regretter, la préparation était là. J’avais fait tout ce qu’il fallait pour être présent le jour J, mon corps en a voulu autrement ! Il y aura une revanche à prendre. Rendez-vous en 2022 !
Seb'
Écrire commentaire
Fred (samedi, 16 octobre 2021 14:19)
Ah quel dommage !! Comme tu le dis , tu auras essayé , pas de regrets à avoir ! Tu reviendras encore en plus fort l année prochaine !! Courage !
Vinz (samedi, 16 octobre 2021 16:44)
Bravo Seb, savoir abandonner quand le corps ne peut pas subir un tel effort c’est aussi une victoire. Dans ces moments là il vaut mieux l’écouter plutôt que de tout abîmer !
Ce n’est que partie remise !
A bientôt
Geneviève (dimanche, 17 octobre 2021 20:28)
Ta mésaventure est certainement arrivée aussi à plus fort que toi et arrivera à d'autres et chez les TAC's aussi. Tu as eu l'air de profiter du paysage et de l'environnement en première partie du parcours et c'est déjà très positif. Bonne récupération et je te fais confiance pour la suite. Bon courage.
Thomas (lundi, 18 octobre 2021 13:17)
Pas grave Seb, tu vas tout déchirer sur l'édition 2022 (sur le 176 km en plus :-)