6h de l'Espoir (09nov / 6heures)

 

Bonjour la manade des Taureaux heureux,

 

Ce samedi, c'est une course un peu particulière qu'il y avait au programme à Marignane: non pas une petite course nature, un trail, un marathon ou un grand raid, mais un '6heures'. Le concept est simple (à décrire.. mais difficile à réaliser..): courir la plus grande distance possible -sous forme de boucle bitumée d'1km- en 6 heures.  C'est aussi simple.. et compliqué.. que ça. L'organisateur (:le mythique 'Croc's Man', qui, lui, court, Crocs aux pieds, des 24h, 500bornes, 1000bornes même..) avait prévu aussi la possibilité de faire ces 6h (ou juste un marathon) en relais, comme pour Peynier, où les Taureaux ont eu tant de succès (et de plaisir) les années passées..

 

Là, on était un peu moins nombreux niveau manade: la supertrice Fred' pour le soutien et l'assistance (merciii encore et toujours) et Queen Geneviève et moi-même pour le 6h en solo, comme des grands.. des grands fadas oui.. Je l'avais fait l'année passée aussi, et j'avais -ô miracle!- gagné, et je tenais donc à défendre mon titre, mais surtout reparticiper à ce bel évènement, où l'on court pour l'association l'Espoir contre la Mucoviscidose, dans une très belle ambiance, entouré de coureurs aux grands cœurs, humainement et sportivement (la majorité étant des 100bornards, des circadiens (:24heures) et même des 1000bornards (oui, oui, 'sont totalement zinzins..). Comme tout le monde on a donc couru pour cette cause, mais avec Geneviève nous avions aussi en tête Lalia, qui nous a quitté, et à laquelle nous avons fortement pensé, ce qui nous aura donné le courage pour nous surpasser et à relativiser les petites douleurs qu'on pensait ressentir..

 

Geneviève avait eu la gentillesse aussi de venir pour, de son côté, courir une belle distance bien sûr (ne serait-ce que pour faire honneur à son nouveau statut de.. M7.. ;-) ), mais également pour me soutenir durant ces 6heures (on allait se croiser et recroiser) afin que je fasse une belle perf', comme elle l'avait fait en mai durant ses incroyables 24h de Peynier.

 

A 10h, c'était le top départ. On était une 60aine à s'élancer, certains pour le 6h ou  le marathon en relais (dont Mandy & Gabriel, qui nous ont encouragé tout le long, merciii à eux!), certains pour le marathon en solo, et, la grande majorité, pour ces 6heures en solo donc. Parmi eux, il y avait donc de grands 'malades', qu'on avait le plaisir de retrouver sur toutes les courses du même genre, dont Peynier bien sûr: des ultra-fondus qui s'éclatent sur des '6jours' (oui, oui, c'est comme le nom l'indique..) ou des courses qui traversent la France en diagonale.. (déjà une diagonale de l'Ile de la Réunion, ça me semble fou.. ;-) ). Bravo à eux pour leurs exploits et merci pour les encouragements mutuels durant ce 'petit' défi (Les Runderful Friends: Patrick, Nelly, etc.).

 

Pour ma part, sportivement j'étais très motivé à m'élancer: ça m'avait manqué de courir (je ne l'ai pas trop fait à la Réunion..) et j'étais curieux de voir ce que ça donnerait en comparaison avec l'année passée. Je savais que ça allait être dur et qu'on allait passer par des moments de souffrance, d'autant plus que j'avais une contracture à la cuisse qui allait rapidement être réveillée à force de taper sur le bitume.. Je partais quand même dans l'espoir de faire plus de 60bornes (plus de 10km/h en moyenne), en essayant, comme l'année passée, de faire d'une traite les 3 premières heures, en bouclant ainsi 36 tours (et donc 36kms) si j'arrivais à tenir les 12km/h.

 

Les premières boucles je les faisais en regardant ma montre. Je constatais que mon allure naturelle était un peu sous ces 12km/h et donc que je bouclais chaque tour en un peu plus que les 5min prévues. Pas grave, j'allais pas forcer, j'arrêtais de regarder ma montre sans arrêt et verrai bien ce que ça donnerait au bout d'1h, 2h.. 3h..  Avec Geneviève on se retrouvait évidemment souvent sur le parcours, et on pouvait donc s'encourager et se motiver. A la fin de chaque boucle, Fred' était aussi là pour nous soutenir et proposer l'aide (boisson, barres) qui nous faisait du bien.

 

Evidemment avec ce système de boucles et ces différents formats de course, ce n'est pas évident à savoir où on se trouve niveau classement (même si c'est secondaire sur ce type de défi). Je constatais quand même que je devais me trouver dans les 3 premiers, avec tout devant, à 300m de moi, un certain Patrick Caritan. Je suppose que ce nom ne vous dit pas grand chose, mais c'est pour moi un géant de l'ultra-endurance: il a des tas de 24heures à son actifs, une vingtaine de 100bornes, dont plusieurs sous les 8h..! Là c'est trop court pour lui en fait.. mais bon, il est toujours devant et ne faiblit pas..

 

Moi je commence à avoir ma contracture à la cuisse qui se réveille, mais aussi d'autres bobos liés au running sur du (cruel) bitume. Je grimace, Fred' me conseille de marquer une petite pause, mais j'insiste pour arriver à 3heures avant de me poser. Surtout que je vois que l'écart avec le leader commence à diminuer. A noter qu'il y a un passage où les coureurs se croisent dans les sens opposés: lorsqu'avec Monsieur Caritan on se croise, on se fait un petit signe ou on se tape dans la main pour s'encourager.  L'Ultra c'est ça: y'a pas de concurrents, que des collègues d'aventure/galère..

 

Un peu avant les 3h de course je dépasse M.Caritan. L'écart se creuse petit à petit. Mais tout ça peut changer évidemment au gré des arrêts aux stands. Moi ça y'est, je fais mon 1er stop après donc 3h d'effort.. et déjà pas mal de douleurs.. Pause ravitaillement, mais aussi petite pause massage (aie ma cuisse) et changement de chaussures et chaussettes (aie les ampoules). Ça fait du bien d'être assis, mais, hélas, ça ne dure pas longtemps: je me remets rapidement en état de marche pour pouvoir continuer à enchaîner les tours. Geneviève en fait de même, comme toujours je suis épaté par sa force et volonté, et ça à 70ans. Elle aussi est géante, énorme respect pour The Queen.

 

Les boucles et kms s'enchaînent, et les minutes passent, mais c'est de plus en plus dur. Parfois on se met dans sa bulle pour faire passer le temps, parfois on a besoin de parler avec d'autres fadas. C'est ainsi que je croise David, qui a un beau rythme. Je me dis qu'il doit être 3ème ou 4ème, après un départ prudent. On court côte à côte, à 11km/h, et on se met à discuter. Il a une expérience de dingue sur ce genre de courses, même si là encore c'est un peu court pour lui: il a par exemple fait le Tour du Lac Léman (175kms) mais aussi la Mil'Kil' (1000kms)! En papotant, on enchaîne les tours en oubliant un peu les jambes endolories. A chaque passage devant la 'base vie', je veux m'arrêter, mais me décide finalement de faire encore un tour de plus.. et encore un..

A deux, on se motive bien et je suis étonné de voir mes jambes continuer à avancer à belle allure (toujours autour des 11km/h) alors que je pense être à l'agonie.

 

Je me suis arrêté au bout de 4h10 de course, et là je m'arrête une 3ème et dernière fois au bout de 5h20 d'effort, mais pas longtemps. Il reste plus que 40minutes, faut serrer les dents une dernière fois. Avec David, on passe ensemble la ligne au bout de 5h45 de course, encouragés par tout le monde. Moi ça me fait 63kms. Et il reste donc 15minutes. Et, si je fais les tours en 5min chacun (12km/h) et bien ça m'en fera in extremis 3 de plus, et donc 66 au total. Allez, avec David on se motive. Allez, allez, on lâche rien. 1 tour.. allez, encore, yes 2 tours.. Plus que 5min15 avant le gong final, allez, un dernier est jouable. On continue à foncer, je croise The Queen: "Allez Geneviève, allez, c'est la fin!". On voit la ligne, qui cette fois-ci représente enfin la ligne d'arrivée: on se tient la main et on la passe ensemble, au bout de l'effort. Merci à lui pour son soutien, il m'a vraiment boosté et j'ai beaucoup appris en courant à ses côtés.

 

C'est dur à décrire la fin d'une telle épreuve, même si ce n'est 'que' 6heures. Faut l'avoir vécu, à Peynier par exemple, pour connaître la sensation. En tout cas, je suis content que ce soit fini et soulagé de pouvoir m’assoir et reposer ma cuisse. Je retrouve Fred' et puis on retrouve Geneviève, qui finissait son dernier tour, même après le gong final. Elle est exceptionnelle. Tous les participants de ce défi se congratulent et se remercient. Y'a vraiment un super état d'esprit et une belle solidarité.

 

A l'annonce du podium, j'apprends que je termine 1er, avec un total de 66kms (11km/h). C'est secondaire finalement, mais je suis bien sûr content d'avoir conservé mon titre, et de pouvoir partager le podium avec Monsieur Patrick Caritan; en recevant le trophée de Crocs Man.

 

Je remercie Mlle Tortue/Fred' et Geneviève. Je pense à Lalia: évidemment tout ceci lui est dédié.

 

Allez, petit récap' de notre Queen pour finir ce big compte-rendu:

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Ce samedi 9 novembre je m'étais engagée pour courir les 6h de Marignane, Stéphane m'avais bien vendu le projet: "Il y a les mêmes coureurs qu'à Peynier", "L'ambiance y est super", "C'est pour une bonne cause".. "Je remets mon titre en jeu..", ..et j'ai plongé.

Mais mon intention première était: être là pour l'encourager et pour accompagner Fred'. Stéphane défendait son titre et j'avais une dette envers lui et Fred qui datait de 'LE PEYNIER'. Je ferai ce que je pourrai. Je me suis dit si je fais 30tours c'est tout bon.

Départ 10h: il y a un marathon en solo et en équipe, et pour les 6heures pareil: en solo ou en équipe. Top départ, je fais un 1er tour au rythme tortue, c'est apparemment mon plus mauvais temps sur les 35 au total.. Ca part très mal, puis je rencontre une peynniériste et là le train s'accélère et au bout des 3h je suis à 20kms. Je sais que je ne ferai pas le double, la fatigue s'installe insidieusement; mais je suis arrivée à 35 tours au bout de 6h04, mon dernier dernier tour n'ayant pas été homologué (après le gong des 6h) mais je l'ai fait.

Stéphane a bien couru, il garde sa 1ère place.

Nous avons dédié notre course à Lalia.

PS: j'ai rencontré un Didier sympa qui m'a bien encouragé ainsi que plein d'autres coureurs/coureuses. Il y avait de la pointure parmi tous les participants, c'est impressionnant. Des FADAS quoi...

 

Geneviève

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Merci et bravo d'avoir lu ça jusqu'au bout. J'espère que pour le prochain défi de ce genre (Peynier 2020..?), on sera encore plus nombreux, avec une big manade comme on aime..

 

A bientôt les Toros,

 

Bises courbaturées,

 

Stephane